Rapport de la concertation
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Avant-Propos :
Chacun s’accorde à reconnaître la place centrale de l’École comme lieu d’acquisitions et d’apprentissages, comme facteur d’intégration sociale, comme instrument de la promesse républicaine : celle d’un égal accès au savoir, un savoir qui instruit, éduque, émancipe et permet l’insertion dans la société.
Or depuis longtemps, le caractère fragmentaire de l’action publique et une absence de perspectives ont opacifié le paysage éducatif. Aux décisions adoptées, aux réformes engagées, il a manqué une cohérence qui eût exigé des ambitions fortes, des objectifs clairement identifiés, des actions cordonnées en vue de réaliser cette fin, ainsi qu’une volonté politique soutenue à travers le temps.
C’est dire que beaucoup de Français attendent un changement en profondeur, comme s’y est engagé le Président de la République en faisant de notre École et de notre jeunesse ses priorités.L’objectif de la concertation ouverte par le Premier ministre et le ministre de l’éducation nationale le 5 juillet 2012 était précisément de refonder l’École de la République autour de principes susceptibles d’inspirer désormais l’action publique en matière éducative. Il était d’éclairer les choix du gouvernement sur les lignes d’évolution souhaitables que fixera la prochaine loi d’orientation et de programmation.
L’ambition première des prochaines années doit être d’inverser une évolution des performances dont les indicateurs nationaux comme internationaux montrent qu’elle se dégrade, surtout pour les élèves les moins favorisés ; de diviser par deux le nombre de sorties sans diplôme ; de faire en sorte que 50 % d’une classe d’âge soit diplômée de l’enseignement supérieur. Au-delà, d’autres enjeux sont engagés. L’École doit entrer résolument dans le futur, se mettre en adéquation avec des tendances sociétales lourdes qui ont modifié notre environnement tandis que la forme scolaire demeurait figée, et mieux remplir la mission qui lui revient d’être le creuset de la cohésion sociale et civique, comme de l’intégration de tous.
Il ne s’agit ni de se contenter d’aménager l’existant ni de mettre à bas tout l’édifice. Refonder ne signifie pas refondre à partir d’une tabula rasa, mais réexaminer pour donner du sens en se ressourçant sur des valeurs.
La concertation s’est appuyée sur une démarche novatrice de démocratie participative. Pour dégager les principes fondateurs qui serviront de base à l’édifice, elle a réuni le plus largement possible, sur des thématiques prédéfinies, toutes les forces vives de l’éducation : des enseignants, des élèves, des parents,
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des directeurs d’école et des chefs d’établissement, des administrateurs, des élus, les organisations représentatives, des personnalités qualifiées, des représentants des mondes économique, associatif, culturel, sportif, scientifique. Les ministères concernés ont également été associés.
À l’échelon national, la réflexion a été articulée autour de quatre sujets majeurs : « la réussite scolaire pour tous », « les élèves au coeur de la refondation », « des personnels formés et reconnus », « un système juste et efficace ». Chacun de ces quatre groupes a été animé par un président et deux rapporteurs. Les groupes ont travaillé au sein de vingt et un ateliers thématiques, chacun étant doté d’un animateur et d’un rapporteur. Le travail de ces ateliers a donné lieu à la rédaction de comptes rendus et chaque groupe a produit des éléments de synthèse.
Dans le même temps, les autorités académiques, en liaison avec les collectivités territoriales, on été invitées à organiser des débats et à produire des contributions. Tous les enseignants ainsi que les partenaires locaux de l’École ont été conviés à s’exprimer dans le cadre de ces initiatives décentralisées comme à travers le site internet dédié à la concertation. Plusieurs milliers de contributions ont pu ainsi être recueillies.
Par l’écho médiatique qui l’a accompagnée, la concertation a atteint un premier objectif : remettre l’École au coeur du débat public. La forte affluence dans tous les ateliers, qui ne s’est pas démentie au fil des semaines, témoigne de l’attente suscitée. Un riche dialogue s’est instauré, dans un esprit ouvert et toujours constructif. Le débat a montré combien les acteurs de l’éducation se sentent responsables de son évolution. Il n’a pas fait apparaître de clivages insurmontables mais, au contraire, a permis de dégager, sous l’inévitable et féconde diversité des opinions, un diagnostic partagé et des perspectives communes.
Sur la base du travail riche et intense des groupes et des ateliers, le comité de pilotage a formulé des orientations dont pourront s’inspirer les réformes à venir. Pour être légitimes et devenir effectives, celles-ci auront à être élaborées dans le dialogue, l’échange, la participation des acteurs. Elles devront aussi, à travers des instances et selon des modalités appropriées, faire l’objet d’un accompagnement qui permettra à la fois de les guider, de les soutenir, de les évaluer et, le cas échéant, de les adapter. La concertation conseille donc que soit constitué un comité de suivi de l’application des réformes qui seront retenues par le ministère de l’éducation nationale parmi celles proposées dans ce rapport.
C’est donc aussi à une autre manière de conduire la politique éducative qu’invite le présent rapport, dans la continuité de celle qui a été inaugurée à travers la concertation.